James Wilson Morrice (1865-1924) - partie 2
Partie 1
Jusqu'ici, Morrice s'était surtout consacré au paysage, mais avec
Blanche, exposée en 1912, il amorce une série de portraits et
d'études de modèles peintes en atelier (notez le paravent, identique
dans les deux oeuvres). Il poursuivra cette série pendant les années de guerre, peu propices aux voyages.
Au début de la guerre, en février 1915, Morrice se rend à
Cuba avec des amis montréalais. Il séjournait souvent à Montréal,
surtout durant les fêtes de fin d'année, mais ce séjour de Noël 1914, marqué par le décès
de ses deux parents, sera l'avant-dernier.
L'artiste apportait souvent des toiles dans ses bagages, qu'il
exposait dans les salons annuels: Art Association of Montreal,
Royal Canadian Academy. Les critiques canadiens, maintenant au
fait des récents développements artistiques en Europe, et au
courant des succès parisiens de Morrice, reconnaissent à leur
tour son talent. Mais c'est trop tard: désabusé par le peu de
ventes, Morrice n'exposera plus au Canada après 1916.
Les années d'après-guerre sont assombries par la maladie
(problèmes d'estomac reliés à un abus d'alcool) mais, à Noël
1920, enfin rétabli, Morrice séjourne de nouveau au Québec. Puis
il passe plusieurs semaines à Trinidad, avant de rentrer à Paris.
Avec Trinidad
commence une nouvelle période: ayant abandonné les
pochades sur bois pour l'aquarelle, plus souple et plus claire,
Morrice transpose cette technique dans les toiles peintes après
son séjour antillais: style plus libre, pâte très mince,
contours soulignés d'un ton plus sombre; on peut y voir une
lointaine influence de Gauguin, mais le nordique Morrice préfère les tons froids.
Les aquarelles rapportées d'un
séjour an Algérie au début de 1922
continuent dans cette voie; on peut aussi y déceler l'influence
de Cézanne, que Morrice admirait particulièrement. Mais s'il
s'inspire du peintre français pour certaines compositions, il
n'essaie pas de rendre ses savantes constructions spatiales,
prélude au cubisme, qu'il admettait ne pas comprendre.
Malgré une rechute de sa maladie, Morrice se rend à Tunis en
janvier 1924; il n'a pas le temps de travailler: hospitalisé d'urgence, il s'éteint le 23 janvier.
Ci-haut: Copyright © 1998, Lucie Dorais
Morrice passa plus de la moitié de sa vie en Europe,
principalement à Paris, où il obtint un succès intéressant. Mais
il n'a jamais perdu tout à fait le contact avec son pays natal,
et son rôle dans l'évolution de la peinture canadienne n'est pas
négligeable: c'est à travers ses oeuvres et celles d'autres
peintres qui ont étudié et travaillé à Paris à la même époque que
les jeunes artistes d'ici ont pu prendre connaissance des
développements récents de l'art européen. Morrice subit
d'ailleurs lui-même, au cours de sa carrière, l'influence
d'autres peintres; plutôt que faiblesse de sa part, il faut y
voir la recherche constante de nouveaux stimulants, essentiels à
cet artiste timide pour exprimer sa propre personnalité, toute
empreinte de poésie et de musique.
Ce paragraphe: Copyright © 1985, Musée des beaux-arts du Canada
Dernière mise à jour: 22 avril 2000